Réduire les frictions dans le parcours e-commerce B2B : comprendre, analyser et agir.

Dans le e-commerce B2B, l’ajout au panier est un signal fort. Contrairement à ce que l’on observe souvent dans le B2C, où les achats peuvent être impulsifs et immédiats, le parcours B2B est plus réfléchi, plus long, souvent interrompu, mais rarement anodin. Lorsqu’un utilisateur ajoute un produit à son panier, il manifeste un intérêt réel pour la marque et/ou son produit. Et lorsqu’il ne finalise pas la commande, cela ne signifie pas forcément une perte. Il faut plutôt y voir un moment à retravailler, une opportunité sur laquelle rebondir. Le taux d’abandon de panier varie entre 55% à 80% selon le secteur. Ce chiffre à lui seul, justifie de s’y pencher sérieusement, d’autant que des solutions simples et efficaces existent. Le sujet dépasse aujourd’hui le seul abandon de panier : les enjeux de conversion touchent l’ensemble du parcours utilisateur, depuis la prospection jusqu’à la livraison.
En effet, le comportement des consommateurs a radicalement changé : les acheteurs sont plus autonomes, connectés et actifs, et le tunnel de conversion linéaire a cédé la place à un comportement plus complexe, le “messy middle” (une zone floue entre exploration et évaluation, où le consommateur navigue sans logique apparente entre les pages, produits, marques, etc.). Un même produit peut être consulté à 8h sur une appli mobile et à 21h sur un ordinateur, avec des attentes et des comportements très différents. Un panier abandonné n’est pas donc forcément une fin en soit, mais peut être le début d’une intention d’achat.
Il devient alors fondamental de comprendre ce que cache cet abandon : une hésitation ? Un manque d’information ? Une friction technique ? Un contexte extérieur imprévisible ?
étudier les profils de vos clients
Le premier réflexe ne doit plus être d’accumuler des données. Le véritable enjeu est aujourd’hui de croiser, scorer et segmenter les données déjà en possession des marques. Mais cette analyse doit être :
- Dynamique, pour éviter les approches figées ou manuelles,
- Automatisée, pour gagner en efficacité,
- Basée sur des tests, car les hypothèses marketing doivent être validées par des comportements réels.
Un profil sociodémographique, aussi précis soit-il, ne suffit plus. Ce sont les comportement sur un site (pages consultées, produits vus, actions réalisées) qui seront révélateur du profil client. Et les données récoltées et vous devrez valoriser sont nombreuses :
- Les données comportementales : clics dans les emails, pages vues, durée de visite, interaction avec certaines pages clés comme la tarification ou la comparaison produit,
- Les données transactionnelles : historique d’achats, fréquence, valeur moyenne de commande,
- Les données d’engagement : ajout au panier, inscription à une wishlist, téléchargement de fiches produits, choix de variantes…
Ces micro-conversions sont autant de signaux faibles mais précieux, révélateurs d’une intention d’achat, même si la conversion finale n’a pas (encore) eu lieu.
La segmentation doit aller au-delà des traditionnels « paniers abandonnés » ou « anniversaires ». Il s’agit de construire des segments comportementaux à forte valeur ajoutée (paniers élevés, abandon après une page stratégique, visites fréquentes mais sans conversions etc). Chaque segment peut (et doit) faire l’objet d’une prise de parole adaptée, avec un message contextuel pertinent.
L’analyse des comportements peut être enrichie par des données sociodémographiques (B2C) ou firmographiques (B2B) : secteur d’activité, taille d’entreprise, chiffre d’affaires, SIRET, etc. Cela permet de créer des profils similaires aux clients existants. Si un prospect présente des caractéristiques proches d’un bon client, il y a de fortes chances qu’il convertisse dans des conditions similaires. Cette logique de scoring prédictif permet de personnaliser encore davantage les parcours et d’anticiper les besoins.
Gardez également en tête qu’il est fréquent que vos clients, professionnels ou particuliers, utilisent le panier comme un outil de simulation ou de repérage. L’exploration fait parti du parcours. Ils ajoutent des articles pour estimer des prix, vérifier la disponibilité, comparer des options. Parfois, ces derniers vont jusqu’à l’étape du checkout uniquement pour connaître les frais de port, les délais de livraison ou les modalités de paiement.
Et cette exploration est un usage normal. Elle ne doit pas être perçue comme une anomalie. En revanche, elle doit être accompagnée intelligemment. Un site B2B performant est un site qui affiche clairement les informations essentielles dès les premières étapes. Cela inclut notamment les frais de livraison, les délais, les modalités de retour, ou encore les contraintes spécifiques liées au secteur (minimum de commande, frais fixes, délais d’approvisionnement…).
Plus les informations sont visibles et transparentes en amont, plus l’utilisateur se sent en confiance. Moins il est nécessaire pour lui de « tester » le panier pour les découvrir. Et si l’exploration a lieu malgré tout, alors il devient stratégique de capter ses coordonnées dès que possible pour pouvoir relancer à bon escient.
Quand l’expérience bloque, de vraies frictions sont à identifier
Au-delà de l’exploration, certaines intentions d’achat échouent simplement à cause de points de friction. Ces freins sont parfois techniques (site lent, bug sur mobile, échec de paiement), parfois fonctionnels (trop d’étapes, demandes inutiles, absence d’auto-complétion), et parfois liés à l’expérience globale du site.
70 % des paniers sont abandonnés… mais ce n’est pas toujours un abandon d’achat. Selon les données issues du Baymard Institute, près de 70 % des paniers ne vont pas jusqu’à la conversion. Mais derrière ce chiffre se cachent 3 typologies d’abandon, avec chacune ses causes et ses opportunités de relance.
Il existe 3 types d’abandons de panier :
- L’abandon exploratoire (qui représente environ 50 % des abandons) : Un cas où l’utilisateur n’avait pas l’intention immédiate d’acheter : il compare, simule, teste un code promo, regarde les frais de port, utilise le panier comme wishlist. Il peut revenir plus tard, s’il a été bien nourri en amont (inbound marketing). Il est difficile de le rattraper à court terme, mais la graine est semée.
- L’abandon par friction : Le client avait l’intention d’acheter, mais un problème technique ou fonctionnel l’a stoppé (bug, frais, tunnel trop long, UX). Celui-ci peut être relancé efficacement, mais nécessite une correction des irritants.
- L’abandon contextuel qui est causé par un facteur externe ou émotionnel (distraction, urgence, doute…). Ce type de profil. peut revenir plus tard, si on reste dans sa mémoire, via une relance bien dosée ou du retargeting.
La majorité de ces problèmes pourraient être évités si les fondamentaux de l’UX étaient correctement appliqués. Et pourtant, encore trop de sites B2B négligent des points cruciaux. La clarté de l’interface est souvent sous-estimée : typographies peu lisibles, surcharge d’informations, contrastes faibles, structure incohérente d’une page à l’autre. La lisibilité est un levier de réassurance, tout comme la cohérence graphique entre desktop et mobile. Un utilisateur qui passe d’un écran à l’autre sans retrouver ses repères est déjà en perte de confiance.
À cela s’ajoute un enjeu de performance. Un temps de chargement de plus de 3 secondes sur mobile augmente drastiquement le taux d’abandon. Ce n’est pas qu’un détail technique : c’est un frein commercial. Il est donc essentiel de travailler les Core Web Vitals, (avec Hyvä, par exemple) et de s’assurer que le site est techniquement fluide, rapide, stable. Ce travail peut sembler invisible à court terme, mais il joue un rôle déterminant dans la qualité perçue de l’expérience, et donc dans la conversion.
D’ailleurs l’un des moments les plus critiques dans le parcours est sans doute le tunnel de commande. Il concentre à lui seul toutes les émotions : espoir de finalisation, peur de se tromper, besoin d’aller vite. C’est aussi souvent là que se cristallisent les abandons.
C’est ici qu’entre la notion de neuromarketing avec 3 biais cognitifs majeurs qui peuvent freiner la conversion.
- Le biais de défiance qui apparaît lorsque l’utilisateur ne comprend pas ou doute de ce qu’il voit (des mentions de frais floues, des promesses incohérentes, un design qui n’est pas aligné au positionnement de la marque).
- Le biais de surcharge cognitive, aussi appelé biais d’intentionnalité, qui survient lorsqu’on demande trop d’efforts mentaux à l’utilisateur (trop d’informations, d’instructions, un parcours trop compliqué). Sachez qu’un humain retient difficilement plus de 3 informations clés à la fois.
- Le biais des efforts perçus, qui est le ressenti d’un parcours trop long, trop complexe ou mal adapté (trop de clics, formulaires trop long, frustration, confusion ou attente). Si votre utilisateur doit réaliser plus de 3 clics pour accéder à une information, vous risquez de le perdre. Et cette tendance s’amplifie avec l’évolution du digital : les utilisateurs sont de plus en plus exigeants et impatients.
Un bon tunnel de commande, surtout en B2B, est un tunnel efficace, clair, rapide. Il ne demande que l’essentiel, il propose des options d’auto-remplissage intelligentes, il permet de commander en mode invité, il ne bloque pas inutilement l’utilisateur dans des contraintes de création de compte. À cette étape, chaque clic inutile est une barrière.
Mais il ne faut pas croire qu’un bon tunnel est uniquement une affaire d’ergonomie. Il joue aussi un rôle de réassurance. Un résumé clair de la commande, l’affichage transparent des frais, la possibilité de revenir en arrière sans tout perdre, la mise en avant de labels de sécurité ou de conditions de retour explicites… tout cela contribue à créer un sentiment de contrôle. Et c’est ce sentiment qui permet à l’utilisateur de valider sa commande sans hésiter.
Mais gardez également en tête que tous les abandons ne sont pas liés au site. Certains sont tout simplement dus à des facteurs externes. Un appel, une réunion, une interruption. Dans le B2B, ces imprévus sont quotidiens. Ce type d’abandon est temporaire, mais il doit être suivi.
Relancer un utilisateur dans ce contexte, ce n’est pas faire du marketing automatisé à tout prix. C’est d’abord être utile. Cela peut passer par un rappel discret du panier, une reprise là où il s’était arrêté, une proposition d’assistance humaine, voire un simple message de type : « Souhaitez-vous reprendre votre commande ?« . Le timing est essentiel ici. Une relance trop rapide peut paraître oppressante. Une relance trop tardive perd toute efficacité.
Travailler ses fondamentaux UX : la base de toute stratégie anti-friction
- Le premier: la clarté Un site avec une hiérarchie visuelle lisible, met en avant les éléments clés : prix, call-to-action, délais, conditions de livraison. La surcharge d’informations ou la confusion graphique crée une tension inutile.
- Le deuxième : la cohérence Un design qui s’adapte parfaitement aux différents devices, qui garde les mêmes repères visuels d’une page à l’autre, qui assure une navigation fluide… C’est la base pour que l’utilisateur ne se perde pas.
- Le troisième : la performance technique Les temps de chargement, l’affichage mobile, la stabilité des éléments à l’écran, tout cela joue sur la perception globale. Et ce n’est pas que de l’UX : c’est aussi du SEO.
- Le quatrième : le tunnel de conversion Plus il est simple, plus il est efficace. Cela suppose peu d’étapes, des champs optimisés, du pré-remplissage et surtout, la possibilité de commander sans compte.
- Le cinquième : la transparence Un client B2B veut savoir où il va. Cela passe par la mise en avant des avis clients, des politiques de retour, des frais réels, de l’identité du vendeur. On ne peut pas espérer vendre à des professionnels si on ne leur donne pas de gages de fiabilité.
Aucun travail sur la friction ne sera utile sans un minimum d’analyse. Mettre en place un système de tracking ne vous servira pas à tout mesurer de façon brute, mais vous permetrte de comprendre les micro-signaux qui précèdent l’abandon. Quels sont les comportements répétés ? Quels sont les points de sortie ? Quel est le chemin type des utilisateurs qui convertissent vs ceux qui partent ?
Ce n’est qu’en croisant ces informations avec une base CRM propre, des campagnes de relance et une connaissance fine de ses typologies clients, qu’on peut réellement améliorer les taux de conversion. L’abandon de panier ne doit jamais être vu comme un échec. Il est souvent l’expression d’un besoin non satisfait, d’une hésitation, ou d’un moment mal choisi. Ce que vous en faites, en tant que e-commerçant B2B, détermine directement votre performance à long terme.
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